Comme demandé par certains gourmands de nos lecteurs, et comme vous l'attendiez certainement tous... Voici voilà la petite note culinaire de notre virée argentine. 
Il est vrai que, dans nos élans de belle prose, nous ne nous sommes pas encore trop attardés sur le "manger" local de nos séjours et expéditions latines (quoique pour les vraies expéditions type randos, le mot sandwich résumera à lui seul nos découvertes).  

Côté argentin, nos bouches gourmettes n'ont pas été trop déçues... et surtout peu dépaysées! Car l'Argentine est avant tout un pays latin, où se retrouve partout la belle tradition du repas en tant que temps fort et convivial de la journée.
De même que chez nous, on ne passe pas à côté du trio entrée - plat - dessert ni du barbecue estival entre amis ou en famille, appelé ici "parilla" ou "asado".
Les argentins s'y retrouvent avec joie pour déguster autour du feu d'énormes assortiments de viande et de charcuterie. Sans oublier le tonneau de Guilmes (bierre locale) à portée de bouche. 
D'autre part, l'Argentine ayant été une terre notable d'immigration italienne au siècle dernier, pizzas et pastas ne manquent jamais au Répertoire.

Les horaires des repas sont tout à fait hispaniques. Le déjeuner est en général lancé à  14h, tandis que le dîner a lieu vers 22h... Nous nous sommes très bien habitués à ces horaires.

LA matière première culinaire par excellence (c'est le cas de le dire) étant la viande de boeuf, pas la peine de vous décrire les quantités proposées au resto (environ 500 grammes par portion), ni le nombre de devantures ventant ses mérites. 
Cette viande, découpée différemment de chez "nous", n'aura pas manqué de nous faire saliver plus d'une fois. Elle est en général très tendre et possède une saveur fondante digne des meilleures filets de boeuf de notre cher Aubrac. 
Nous avons particulièrement aimé les épais morceaux de filet et d’entrecôte, nommés couramment "bife de chorizo", "ojo de bife" ou "bife de lomo", et commandés "Vuelta a vuelta", c'est à dire saignant, voire bleu (les argentins mangent traditionnellement la viande assez cuite, une mésaventure lors de notre séjour nous aura fait comprendre pourquoi...) 
En version "mariposa", nous partagions sans difficulté une portion pour deux. Et quel spectacle de voir tous ces morceaux de viande en pleine cuisson sur les grills et braises de L'asador, bien souvent visible de notre table et en pleine action au centre de la salle à manger. Je like!

Malheureusement pas d'aligot en guise accompagnement, mais beaucoup de purées de courges et de féculents (calabaza - potiron, calabacin - courgettes, batatas - patates douces, papas - patates...), de frites, ou de légumes eux-aussi à la parilla. 
Sans oublier l'assortiment traditionnel du Chimichurri, sauce bien (voire trop) relevée à base d'oignon, d'huile d'Olive et de tomates aïées et concassées. Très célèbre et historique, elle est constamment présente lors d'une "parilla" ou d'un bon "asado". 
Nos best of de viandes jusqu'ici : Don Julio (Buenos Aires) et El Muro (El Chalten). 

D'autre part, Greg a pu satisfaire sa passion pour les trippes, très répandues (on vous a dit qu'on se marrait oui!) et comestibles. J'avoue m'y être également mise, avec la morcilla locale (boudin), peu grasse et particulièrement goûteuse. 
Pour ce qui est des rinones (rognons) et autres... je crois qu'ils sont bons ;)
Et j'avais oublié LA spécialité patagone qui a fait un  plus qu'heureux : le cordero (agneau). Crucifié entièrement a la pala (à la broche) sous la porte de chaque resto, il constitue la principale déco de chaque taverne de Patagonie qui se respecte... accueillant!

Rien à redire concernant les verduras (légumes). Variés et souvent très cuits, ils n'ont pas toujours une belle tête au supermarché mais ont très bon gout. 
Les patates sont omniprésentes et en purée, délicieuses!
Un honneur est également fait au Maïs dans le régions du Nord, où l'on trouve à chaque coin de rue les fameux tamales ou humitas, purées enveloppées et cuites dans des feuilles de maîs, tantôt au fromage de chèvre ou à la viande séchée, nommée charqui! Ces saveurs sont tout à fait comparables à celles du Mexique. 
Les argentins ingurgitent aussi beaucoup de tortillas à l'espagnol, et se défendent bien pour les cuisiner. 
Pour l'anecdote, nous avons même mis les pieds dans quelques restos végétariens, et loin d'être déçus. Je pense que les végétariens constituent une race persécutée dans ce pays de viandards, aussi ont-ils bâti de solides forteresses grâce à la présence de bons légumes et de fruits juteux. 

J'ai également lu qu'il existe de nombreuses potées et ragoûts à base de lentejas (lentilles), maïs et de viandes, et nous avons donc testé le fameux locro, cassoulet local de maïs en lieu et place des haricots blanc; Mais cela ne vaut pas les petits salés et autres bonnes blanquettes de veau de nos chères Mommmaaannns, ni les confits de nos familles périgourdines ;)

Le fromage se défend (parfois), surtout grâce aux influences italiennes. Nous avons beaucoup apprécié les quesos "Provolota" (fromage de vache fumés et fondus sur le grill de l'asador), et le Reggianito (parmesan) pour aggrémenter nos pâtes. 
Le queso azul (roquefort) et vendu à profusion, et même ajouté au poisson. A tester... (quoique). 
Dans la région des Andes "alpines" (Saint Martin de los Andes, Bariloche), nous sommes tombées sur des restaurants de fondue et de raclette, mais impossible de vous dire ce qu'il en est... nous n'avons pas osé troubler nos meilleurs souvenirs suisses et savoyards...
Egalement de la tomme de chèvre dans la région de Salta, mais souvent très salée. Accompagnée du répandu Dulce de membrillo (pâte de coings - toutefois moins savoureuse que celle de Mme G!), l'accord est presque parfait
Pour le reste, on repassera... (la France parle!). 
Une chose est certaine : le yaourt nature est contre nature. Nous peinons à en trouver, et lorsque l'on met la main dessus, il est indiqué sur l'emballage "listo para cocinar" (prêt à cuisiner), rassurant...

Les pizzas se vantent d'être italiennes mais nous les trouvons plutôt américaines (et alors, c'est bon aussi!) : pâte épaisse et plutôt blanche, garniture à profusion. 
Les argentins adorent y ajouter les fameux palmitos (cœurs de palmier) ou encore du quezo azul. 
Notre petite placer (plaisir) : pouvoir choisir plusieurs choix de pizzas sur une même pizza... bien chouette et malin. 
Notre best place : Pizzeria Guerrin (Buenos Aires). 

Dans le même registre, les argentins sont aussi les rois de la "tarta" (tarte), garnie souvent généreusement d'épinards (ou autres légumes verts) et de ricotta. 
En général, elles sont recouvertes d'une épaisse couche de pâte, histoire d'en faire des bouchées encore plus légères...

Mais le vrai savoir faire des argentins en matière de "pâte garniturée", ce sont les empanadas, ces petits chaussons de pâte plutôt brisée, garnis de tout ce qui leur passe sous la main : jambon, poulet, fromage, bleu, courgettes, oignons, potiron, maïs, épinards, bœuf épicé ou non, poireaux etc... 
Les empenadas sont les "criollos" (spécialités locales) revendiquées par chaque ville que nous avons parcourues! Elles sont nourrissantes et délicieuses, parfois frites mais généralement (et heureusement) cuites au feu de bois, une belle découverte qui nous manquera. 
Les meilleurs que nous avons mangées : Las empanadas del Che (El Chalten), Les empanadas de Dona Salta ou du marché de Salta (Salta)

Côté poisson et mariscos, nous n'avons pas eu la chance de goûter à la fameuse "centolla patagonica" (araignée de mer de patagonie), déclinée à tous les gouts et toutes les sauces à Ushuïa (mais pas à tous les prix!). 
La "trucha" (truite) est réputée dans la région des Lacs, où nous avons également identifié au rayon frais quelques poissons fumés, mais onéreux.

Les pastas, quand à elles, se défendent à merveille. La plupart des restaurants se vantent de les produire "caseras" (maison), et il existe aussi beaucoup de boutiques spécialisés dans leur production. 
Au menu, gnocchi, spaghetti, ravioli, ou encore sorrentini (énormes raviolis fourrés) (note de la rédaction : si ça rime en "i", peu de chance de tomber sur autre chose que des pâtes ici). 
Les sauces, sommes toutes classiques, sont toujours en supplément à la carte.

Les fruits ne sont pas donnés mais l'inversion des saisons par rapport aux nôtres nous ont permis de déguster de super melons ou encore des ananas juteux sans oublier les belles cerises charnues et les pêches fondantes et sucrées.. Petit bonheur de retour de randos! Pour les jus de fruit, sans pulpe, concentrés et sucrés... un peu déçus. 

Côté dessert c'est, dirons nous... (parfois) correct.
"Budin de Pan" (gateaux) crémeux et sucrés, empanadas de dulce de leche, cookies, mais aussi de belles tartes aux fruits ou au citron. 
Un incontournable ici : le Dulce de Leche, ce faux caramel à la fleur de sel et dont les latinos rafolent. Ils font l'objet d'un rayon étoffé dans chaque supermarché, et j'ai même vu que certains foyers et auberges en ont des barriques entières en stock.Servi au petit dej, avec les flans, et dans une grosse majorité de viennoiseries, biscuits, et empanadas sucrées. 
Les viennoiseries ne sont pas très viennoises, mais font l'affaire pour un petit déjeuner concentré en graisse et en sucre (pour la plupart des patisseries, ce n'est pas le beurre qui est utilisé, mais la "masa de grassa", dont on ne cache pas du tout la présence chez le boulanger).  
J'allais oublier les Alfajores! Biscuits "sandwichs" aussi légers que la Maïzena le permette... Ils sont vendus tantôt au supermarché (et par toutes les marques et lignes, telles qu'Oréo ou Milka), et surtout dans des boutiques spécialisées (la Havana and co). Nous avons eu l'occasion d'en déguster quelques uns au Dulce de Leche, au chocolat ou aux noix, mais le succès n'était pas toujours à la hauteur de ce que nous attendions, tant les argentins en raffolent!

Et last but not least, à considérer également comme un aliment incontournable à part entière : el VINO! 
Plus fort en alcool et en bouche que chez nous (15 degrés environ), nous avons eu la chance de la déguster plusieurs fois... 
Grâce à un ensoleillement privilégié et un temps suffisamment sec (ou encore une altitude très élevée dans les régions Nord de l'Argentine - à Cafayate par exemple), les crus sont aussi puissants que fruités et fins en bouche, un régal! 
La plupart des productions se concentrent dans la région de Mendoza et de San Juan, où sont présentes plusieurs grandes productions viticoles, dont nos chers Rothschild! 
Et Cocorico européen pour l'anecdote, les premiers cépages étaient destinés aux vins de messe et cultivés par les jésuites (l'air de rien;)). 
Notre préféré : Le Malbec, dont un délicieux "Lago de Desierto" dégusté à el Chalten (extrême Nord de la Patagonie) ou encore le Torrontes, un cépage blanc d'altitude minéral et puissant  

En bref, la cuisine argentine aura constitué à elle seule un sacré voyage de saveurs, d'ailleurs quelques peu similaires à celles que nous avons pu découvrir au Chili.
Dommage que nos sacs ne nous laissent pas la place de vous rapporter quelques bribes culinaires... Mais nous avons bien l'intention de nous mettre aux fourneaux dès notre retour et revivre les meilleurs souvenirs de nos papilles!

En bonus, quelques photos pour vous convainre!